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Journée d'Hépatologie et de Transplantation Hépatique du 9 avril 2025 à Lyon

Trans-Forme a été convié à la journée annuelle de l’institut d’Hépatologie de Lyon (IHU EVEREST) le 9 avril 2025. Les présentations des médecins et chercheurs concernaient différents aspects de l’hépatologie dont la transplantation hépatique avec les sujets suivants :

Alcool et Transplantation Hépatique 

L’alcool est la première cause des transplantations hépatiques en France. La survie des greffons dans cette indication est très satisfaisante à 10 ans. Mais il existe toutefois une rechute à l’alcool en post transplantation dans une fourchette de 8-20% à 1 an et dans 40-50% à 5 ans. Il y a en particulier une rechute sévère avec consommation à risques dans 20% des cas, ce qui entraîne une nouvelle cirrhose dans 35% des cas.
Pour sélectionner les patients pour une transplantation hépatique, iI existait la règle des 6 mois d’abstinence à l’alcool avant la transplantation mais cela n’avait pas de résultats significatifs sur le taux de rechute après la greffe. Aussi maintenant, la stratégie et la sélection des patients pour une transplantation hépatique est complexe et nécessite une évaluation pluridisciplinaire et une décision collégiale.


TH et Carcinome hépato-cellulaire (cancer de foie) 

Pour les patients atteints de CHC, il existe de nouveaux traitements avec immunothérapie avant la greffe qui sont efficaces. Cependant, il existe un risque de rejet du greffon après transplantation si la greffe est faite rapidement après le traitement par immunothérapie.  Quel est le meilleur délai entre la dernière immunothérapie et la greffe pour ne pas avoir de rejet ? En France, il est généralement de 5 mois et, aux USA, c’est après 50 jours.


Greffons partiels en pédiatrie 

Plus le receveur est petit, plus il faut un petit foie. Aussi, on utilise pour un petit receveur un foie partiel ou foie réduit : ce sont les lobes gauches pédiatriques. Cette réduction du greffon est faite souvent pendant l’ischémie froide dont il faut réduire le temps pour ne pas abîmer le greffon.  

Chez les adultes, on utilise une machine de perfusion à oxygène pour faire la réduction « hors situ ».  L’essai de cette machine à perfusion va être fait bientôt aussi en transplantation hépatique pédiatrique pour un évaluation.
Quand un adulte est donneur vivant pour un morceau de son foie (prélèvement  du lobe gauche),  il est désormais préconisé de le faire par chirurgie robotique car les risques pour le donneur sont les plus faibles dans ce cas.


Complications biliaires chez l’adulte après une transplantation hépatique 

Sténoses et fistules sont les complications les plus fréquentes en première année post-greffe. Elles sont potentiellement graves, d’où l’intérêt d’un dépistage précoce (dopplers, bilans hépatiques répétés).
Les données d’imagerie guident les médecins pour choisir le traitement adapté parmi les solutions possibles : radiologie, chirurgie ou endoscopie.
En pédiatrie, il y a entre 11 et 20% de complications biliaires dans les premiers 90 jours après la greffe. Le fait d’avoir un donneur vivant avec un greffon réduit est un facteur de risque ainsi que la taille des canaux biliaires du donneur. Ces complications abîment le greffon. Pour les traiter, on privilégie au départ la radiologie (drainage biliaire). S’il y a échec de ce traitement, on passe à la chirurgie. Pour les anastomoses bilio-biliaires, on utilise l’endoscopie.
Il est important que la prise en charge de ces pathologies soit multidisciplinaire : radiologue, chirurgien, endoscopiste.

Transplantation hépatique chez les adolescents

Les adolescents sont des jeunes qui ont entre 10 et 19 ans. C’est la transition entre l’enfance et l’âge adulte. 1/10 des ados ont une maladie chronique dans le monde. L’étude a porté sur l’évaluation des problématiques rencontrés par les adolescents transplantés hépatiques. Elle a donné lieu à 12 entretiens avec des ados. Il ressort de ces entretiens les témoignages suivants :
-pour les ados, la greffe hépatique, c’est mener un combat, traverser une épreuve à laquelle ils doivent se sentir prêts. Ils souhaitent aussi comprendre l’acte technique.
- Conséquences psychosociales : ils se sentent fragilisés socialement (absences scolaires), victimes d’une injustice (pourquoi moi ?). Ils sont conscients de l’impact sur leur entourage (beaucoup de rdv avec des trajets assurés par leurs proches …). Ils ressentent un devoir envers leur greffon, se sentent parfois coupables (donneur décédé). Ils ont besoin de reconnaissance.  Ils vivent avec leur différence. Ils veulent tirer les bénéfices de la greffe (renaissance, ils se sentent plus murs après).
- Ils estiment que la greffe les fait grandir : ils veulent changer de statut, devenir acteur de leur santé (par ex être autonomes dans la prise de leurs médicaments et des horaires), ils se sentent à l’aise avec l’équipe soignante et leurs proches. Ils souhaitent s’identifier à leurs pairs, rencontrer d’autres d’ados greffés
- Ils apprennent à être résilients en acceptant leur condition de transplanté, en apprenant à vivre différemment, en s’estimant. Ils sont reconnaissants envers leurs donneurs. Ils veulent aussi s’émanciper de la greffe et se projeter dans l’avenir.
- Ils apprennent à vivre avec leur maladie chronique, à gérer les conséquences négatives de la greffe (retard scolaire). Concernant les traces de la greffe, c’est à dire les cicatrices de la transplantation, ils disent qu’elles sont directement visibles et ont peur que cela ait des conséquences négatives dans leurs relations mais ils disent aussi que la cicatrice disparaît petit à petit avec le temps. Ils veulent avoir aussi d’autres priorités dans leur vie que la greffe.


Thierry Howlett

Transplantation Hépatique, Hépatologie, Journée d'Hépatologie et de Transplantation Hépatique, N°64